Durant cette saison 2022-2023, j’ai essayé d’écrire, j’aurais voulu garder ce rituel du lundi et pouvoir écrire sur le match du week-end. Un peu pour moi, un peu pour les autres, beaucoup pour cette équipe.

J’ai essayé et ce n’est pas un manque de mérite, un manque d’implication ou un quelconque problème avec ces filles. Mais peut-être que j’ai eu plus de mal à transformer « ces » filles en « mes » filles. Le contre-coup d’une belle saison, des 8 départs, ou juste les mots qui n’arrivaient pas à se mettre ensemble pour former quelque chose.

Est-ce que c’est dû à un manque de connaissance de mon public, aux différents problèmes des à-côtés, à ma concentration sur mon genou, à je ne sais pas quoi ? Je ne cherche pas à comprendre ou à expliquer, je dis juste que ça ne sortait pas.

J’ai bien compris que certains attendent que je reprenne, et moi le premier j’ai envie. J’essaye et je réessaye mais jusqu’à maintenant je ne sortais que quelques banalités mises bout à bout. J’essaye encore ce matin après une qualification en finale.

2 titres à aller chercher cette saison pour continuer de grandir.

Les premiers mots qui me sont venus en début de saison sont les suivants, je les mets sans les réécrire parce que chacun de ces mots a un sens : 

« Ça fait 2 mois qu’on se côtoie, 2 mois qu’on apprend à vivre en équipe. A coup de 2 à 3 entrainements par semaine, de matchs amicaux et officiels… il faut en passer par là pour retrouver ce sentiment de savoir parler aux gens, savoir transmette ce que l’on veut, se faire comprendre.

Mais je commence à vous comprendre, à vous connaitre, à savoir ce qui va vous faire plaisir et ce qui va vous saouler. Tout ce que je fais, je le fais pour nous. Bien pris, bien fait ou au contraire mal fait ou mal pris, ce n’est pas vraiment un souci. Les explications, les paroles, les encouragements sont nécessaires. C’est comme cela qu’on se construit.

Il faut que vous m’adoptiez pour celles que je ne connais pas. Avec certaines, je crois que c’est déjà pas mal parti. Avec d’autres, le chemin n’est pas encore terminé mais on est sur la bonne voie. Les matchs ne sont, pour le moment, là que pour travailler, bien sûr que je veux gagner, bien sûr que le but c’est de prendre de la confiance, mais l’objectif c’est de progresser, apprendre et prendre confiance. »

Maintenant, je vais essayer de compléter avec les mois suivants. On est début novembre, l’alchimie a du mal à prendre, tout au long de ces mois de travail. J’ai douté plusieurs fois sur ma capacité à fédérer ces filles, à en faire une « vraie » équipe, à les faire devenir « mes » filles. J’ai douté 1 fois sur 1 match, j’ai douté de vous, j’ai douté de moi, mais j’ai surtout douté de nous. A Malesherbes, j’ai douté de pouvoir transmettre, ce match a été le tournant de ce début de saison, le tournant de la saison, je pense que c’est ce samedi de novembre où j’ai compris que je devais changer ma façon de faire. Pas me changer, m’adapter, adapter le discours, les exercices, la façon d’expliquer et surtout prendre le temps. Laisser du temps au temps, laisser ces joueuses devenir une équipe. Ne rien précipiter et passer plus de temps, repartir de 0, reconstruire autour des anciennes, avec les nouvelles.

Les 2 défaites de début novembre m’ont permis de m’ajuster. Depuis, que des victoires, plus ou moins faciles, plus ou moins belles, mais toujours bonnes à prendre, bonnes à apprendre. Toujours retirer le positif de ces matchs, toujours travailler pendant et après sur ce qui a marché mais aussi sur ce qui n’a pas marché.

Quand je parle de cette équipe et de ce qu’on doit travailler, je dois aussi parler des parents. Oui de vous, vous qui nous suivez, dans les voitures, dans les tribunes, dans les déplacements… Vous êtes des éléments essentiels, indispensables à cette équipe. Nous avons eu besoin de vous, nous avons besoin de vous et nous aurons besoin de vous encore et encore. Soyez fidèles encore, mais voyez le positif dans nos filles, encouragez-les, tirez-les vers le haut. Je sais ce que c’est d’être spectateur, de voir des choses de l’extérieur et de penser que ce que font les filles n’est pas bien, mais si des fois vous avez raison, parfois vous avez tort. Souvent je leur demande des choses qui sont entre elles et moi, des choses qui ne semblent pas correspondre à ce qu’on voit habituellement, mais on essaye d’évoluer, de construire. Des fois j’ai tort et ça ne fonctionne pas, des fois ce n’est pas fait comme on l’a travaillé, mais on essaye de faire au mieux pour prendre du plaisir, pour trouver des solutions au fil du match. Je vous promets qu’on travaille et que l’objectif (enfin l’un des objectifs) c’est de gagner, mais l’OBJECTIF c’est le plaisir. Si l’une de mes filles arrive sans le sourire ou repart sans sourire (même avec la fatigue), j’ai échoué. Alors s’il vous plait aidez moi à leur donner le sourire : encouragez-les, elles font de leur mieux pour le collectif, soutenez-les, faites du bruit !!! On a encore besoin de vous.

Tout au long de cette saison, j’ai vu mes filles progresser, un collectif se créer. C’est déjà compliqué une nouvelle saison, mais une saison avec 10 nouvelles filles qui viennent de clubs différents qui ne se connaissent pas ou peu, qui n’ont pas le même vécu basket, c’est plus que compliqué. Mais on y est arrivé. On n’est pas au bout de la saison, on n’est pas au bout de l’histoire, mais on continue de mieux vivre ensemble, les unes pour les autres. Je pense que certaines ont repris un peu goût au basket et c’est déjà beaucoup.

Je me souviendrai longtemps de cet entrainement où j’ai commencé à parler défense : « on va travailler la défense 2-3 »…. Et là, j’ai cru un instant que je faisais un AVC, que ma bouche avait dit d’autres mots que ceux que je voulais… J’ai vu dans les yeux de certaines, un peu le regard des lapins dans les feux des voitures… Des regards qui voulaient à peu de choses près dire : « Qu’est-ce qu’il me raconte là lui… » « Qu’est ce que je fais là…. » « Est-ce que je suis la seule à pas comprendre ce qu’il dit »… Adapter son discours à son public n’a jamais eu plus de sens que ce jour-là.

Quel chemin parcouru, que de travail abattu pendant ces presque 9 mois. Il y a eu des jours avec, des entrainements sans, des quarts temps pleins de belles choses, des moments plus ou moins long sans adresse, des moments de joie, des moments de douleurs et de doutes. Mais il y a surtout des souvenirs qui se créent, des moments qui resteront dans le cœur et l’esprit. La journée de samedi est le plus beau des exemples : pour le match, le rendez-vous est à 15h15 et la fin 18h15, mais les filles sont arrivées bien avant pour aider, et reparties bien après pour rester ensemble un peu plus. Ce sont ces moments-là qui nous font dire qu’on a bien fait de replonger avec des U18.

Maintenant place aux finales, encore quelques semaines de travail pour que cette saison s’achève avec des sourires.

Les filles, je vous l’ai dit mais je suis fier de vous, du travail déjà accompli. On est parti de loin fin août quand on ne se connaissait pas, qu'on avait du mal à aligner 3 passes et que l'on n’arrivait pas à poser une attaque. Mais il reste encore deux finales à jouer… Et les finales, on sait que ça ne doit pas que se jouer, ça doit se gagner…

Il sera ensuite tant de penser à la saison prochaine, savoir qui continue l’aventure avec nous, qui arrête, qui repart. Mais déjà, merci à tous ceux qui ont fait de cette saison une belle saison : Maelys et Yaelle qui sont toujours derrière moi à me pousser, Ethan qui accepte (avec plus ou moins de plaisir) nos absences, vous les parents qui montrez chaque jour votre implication, et tous ceux qui ont permis à nos filles de jouer : les 2 clubs pour cette entente qui dure et pour votre confiance, les arbitres qui ont pris du temps pour siffler (désolé si j’ai pas toujours été dans votre sens), les bénévoles pour les tables (sans qui les matchs n’auraient pas lieu), et tous ceux qui sont venus taper dans les mains et encourager les jours de match. Un merci particulier à mes filles et à vos parents pour votre confiance.